MTN et Moov

La récente hausse des frais de retrait Mobile Money, appliquée par MTN Bénin et Moov Africa, fait grincer des dents à Parakou, une ville située dans le nord du Bénin. Si certains usagers dénoncent une mesure inopportune en pleine crise du pouvoir d’achat, d’autres l’acceptent avec résignation, invoquant des raisons économiques ou fiscales. DB Médias est allé à la rencontre des abonnés de cette troisième plus grande ville du Bénin, après Cotonou et Porto-Novo, pour recueillir leurs impressions. 


Depuis le vendredi 4 juillet 2025, les frais de retrait Mobile Money sur les réseaux MTN et Moov Africa ont connu une hausse au Bénin. Désormais, les usagers doivent s’acquitter de 125 F CFA au lieu de 100 F pour les retraits compris entre 501 et 5 000 F, de 225 F au lieu de 200 F pour les montants de 5 001 à 10 000 F, et de 375 F contre 350 F pour les transactions allant de 10 001 à 20 000 F. Ce changement suscite incompréhension et frustration chez plusieurs commerçants et utilisateurs rencontrés par l’équipe de reportage de DB Médias à Parakou. « Moi, je ne vais plus jamais faire de dépôt ni de retrait sur MTN. Je le faisais avant, mais vu qu’ils ont augmenté le prix, je vais dire à mes clients d’utiliser désormais mon compte Celtiis », déclare avec fermeté une vendeuse de pagnes installée au marché Arzèkè. Samuel Tchabi, vendeur de crédits téléphoniques, partage lui aussi son découragement. « MTN et Moov risquent de perdre leur clientèle. Nos clients sont surpris, ils se plaignent beaucoup. » Il ajoute que ce changement posera un problème de monnaie. « Cette augmentation complique notre travail. Si elle avait été de 50 F au lieu de 25 F, ce serait plus facile à gérer. Déjà, nos chiffres d’affaires ont baissé. »


Une augmentation compréhensible pour certains usagers


Malgré la grogne de nombreux utilisateurs, certains usagers relativisent cette hausse des frais de retrait. Pour eux, elle s’inscrit dans une logique économique que les entreprises ont le droit d’appliquer, notamment pour faire face à certaines charges ou obligations fiscales. Jean Bédié, utilisateur régulier, comprend la démarche. « L’augmentation peut servir à soutenir les employés ou à améliorer les services. Je n’y vois pas un gros problème. » Bienvenu Koukeyali, client de Moov Africa dans la la cité des Kobourou, se montre pragmatique. « Je suis abonné de Moov, et tant que je peux recevoir de l’argent à distance, ça me convient. » Même son de cloche du côté de Clémence Sogbossi, vendeuse de crédits, qui minimise l’impact de la hausse. « C’est seulement 25 F de plus. Si ça aide les réseaux à mieux fonctionner ou à s’acquitter de leurs impôts, qu’ils le fassent. »


Que dit le président du Réseau des consommateurs de téléphonie mobile du Bénin ?


Au lendemain de l’annonce de la hausse des frais de retrait Mobile Money, le président du Réseau des consommateurs de téléphonie mobile du Bénin, Robin Accrombessi, a invité les usagers à adopter une attitude ferme si la décision n’est pas revue. « Ce que j’ai à dire aux consommateurs, c’est très simple. Quand vous faites face à un problème qui vous traumatise, vous devenez un problème pour le problème. Et dans le cas d’espèce, pour en découdre avec ces opérateurs de téléphonie mobile, il n’y a qu’une seule possibilité : on fait ressortir un peu notre égo, notre fierté pour montrer à ces opérateurs que nous avons de la dignité», a-t-il déclaré. Selon lui, la meilleure réponse est de suspendre temporairement l’utilisation des services Mobile Money, afin de faire pression sur les opérateurs. « Lorsqu’on me fournit un service qui devient un abus flagrant, et bien, je me refuse de consommer le service pendant un certain temps et lorsqu’ils vont constater la chute de leurs recettes financières, personne ne leur dira rien avant qu’ils ne reviennent en de meilleurs sentiments » a-t-il ajouté.


Le gouvernement se déresponsabilise, les usagers perplexes


Alors que les plaintes se multiplient, le gouvernement béninois a réagi. Selon l’Exécutif, cette décision n’est pas de sa compétence. « Ce n’est pas une décision du gouvernement. Ce n’est même pas une décision de l’Arcep-Bénin. C’est une activité qui est suivie, réglementée et contrôlée par la BCEAO », a déclaré le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji. Ainsi, ni le gouvernement ni l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP) ne seraient à l’origine de cette hausse. Une position qui a surpris plus d’un. Nombreux sont les citoyens qui espéraient une intervention ferme de l’État pour protéger leur pouvoir d’achat déjà mis à mal. Pour certains, cette attitude est perçue comme un désengagement face à une situation qui touche directement la vie quotidienne des Béninois.

Dans les rues animées de Parakou, ce changement tarifaire continue de faire parler. Entre désaffection, adaptation et acceptation, les clients réagissent en fonction de leur réalité économique. Reste à voir si, à long terme, cette hausse influencera les habitudes des utilisateurs de Mobile Money dans la cité des Kobourou.


Christian NEKITOPA

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