La Guinée a vécu ce dimanche 21 septembre 2025 un moment charnière de son histoire politique. Plus de 6,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour se prononcer sur un projet de nouvelle constitution censé marquer la fin de la transition militaire et ouvrir la voie à une nouvelle mandature.
Quatre ans après le coup d’État du général Mamadi Doumbouya, le pays de Sékou Touré aborde un tournant crucial. Le texte soumis au référendum, élaboré par la junte, prévoit en effet un retour à l’ordre constitutionnel. Mais il contient une disposition controversée qui permettrait au chef de la transition, le général Doumbouya, de se présenter à une future élection présidentielle. Une perspective qui alimente de vives critiques de l’opposition, laquelle dénonce une manœuvre visant à pérenniser le pouvoir militaire sous un vernis légal. Face à ce qu’elle considère comme une « mascarade électorale », l’opposition a appelé à un boycott général, invitant les Guinéens à rester chez eux. Elle estime que la promesse de rendre le pouvoir au peuple n’est qu’une illusion et accuse la junte d’utiliser le scrutin pour légitimer son maintien au pouvoir. Pour assurer le bon déroulement du vote, les autorités ont mobilisé un imposant dispositif sécuritaire. 45 000 agents des forces de l’ordre, un millier de véhicules blindés et légers, ainsi que des hélicoptères de combat ont été déployés autour des bureaux de vote. Une démonstration de force qui illustre la méfiance du régime face à d’éventuelles tensions ou débordements.
Au-delà des clivages internes, la communauté internationale suit de près ce référendum, considéré comme une étape clé pour la stabilité régionale. Depuis la chute de l’ancien président civil Alpha Condé en 2021, la Guinée vit sous un régime de transition marqué par de fréquents bras de fer entre le pouvoir militaire et l’opposition. Aux dernières nouvelles, les Guinéens ont été privés d’internet durant le scrutin. Le dépouillement est en cours et les résultats provisoires officiels sont attendus à partir du mardi 23 septembre 2025 en soirée.
Patrice Sowanou (Stg)