Du 21 au 23 octobre 2025, la grande salle de l’hôtel Radisson de la capitale guinéenne, Conakry, a vibré au rythme du Dialogue pour l’Avortement Sécurisé en Afrique Francophone (DASAF). Placée sous le thème « Unifier nos voix et s’engager pour des choix reproductifs en Afrique francophone », cette rencontre régionale a réuni ministres, experts en santé publique, militantes féministes, jeunes leaders et journalistes engagés pour la justice reproductive. À cette troisième édition, l’organisation béninoise Jeunes Volontaires pour la Santé (JVS) s’est illustrée par une participation remarquable, alliant plaidoyer, innovation et partage d’expériences.
Dans un contexte mondial où les défis relatifs à la mortalité maternelle, aux droits reproductifs, aux grossesses non désirées et aux pratiques à risque demeurent prégnants, le DASAF 2025 s’est présenté comme un cadre privilégié de rencontres, d’échanges et de revitalisation pour l’ensemble des acteurs engagés. La délégation de l’Association Jeunes Volontaires pour la Santé (JVS), conduite par sa responsable programme, Marilyne Sourou, a pris part à ce forum inaugural de haut niveau aux côtés d’acteurs majeurs tels que le SAAF, l’UCPO, MAMA Network, le Centre ODAS, Population Council et la Fondation Hewlett. Leur intervention a mis en lumière la place essentielle des jeunes et des féministes dans les stratégies de santé et droits sexuels et reproductifs (DSSR), en insistant sur la nécessité de les considérer non seulement comme relais, mais comme décideur·euse·s et innovateur·rice·s. « Nous avons rappelé le rôle des plateformes régionales, comme ODAS, dans la structuration d’un mouvement uni, respectueux des réalités locales. Face aux incertitudes des bailleurs, nous avons également partagé les nouvelles stratégies de mobilisation de ressources qui émergent notamment, les financements directs et de confiance, la mobilisation de ressources domestiques, et la mutualisation des forces », a déclaré Marilyne Sourou. À l’en croire, l’organisation a également partagé ses approches locales, notamment l’utilisation des données de terrain pour élaborer des programmes adaptés aux réalités des jeunes et des femmes, une démarche saluée comme bonne pratique à répliquer dans d’autres contextes.
Une participation à triple objectif
L’objectif de la participation de JVS au DASAF 2025 s’articule autour de trois grands axes :
- Porter et amplifier la voix des jeunes et des féministes sur les questions de droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR) dans un espace régional francophone ;
- Partager nos pratiques et résultats afin de montrer des approches jeunesse adaptées au contexte béninois et francophone en général;
- Créer des alliances stratégiques (réseaux d’OSC, bailleurs, agences onusiennes et ministères) pour mobiliser appui technique et financier, et porter des plaidoyers concrets en faveur de l’accès à l’avortement sécurisé et des services de SSR adaptés aux jeunes.
Les jeunes au cœur des discussions
Présents dans les panels, les sessions interactives et les stands, les jeunes ont occupé une place centrale tout au long du DASAF. JVS a d’ailleurs participé à la co-création d’un espace jeunesse entièrement animé par et pour les jeunes, favorisant l’expression libre de leurs priorités et leur passage du témoignage au plaidoyer. De cette expérience, l’organisation béninoise, Jeunes Volontaires pour la Santé (JVS) retient plusieurs enseignements clés dont la valorisation des résultats à travers des supports visuels et multilingues, le renforcement du lien entre art et plaidoyer, et la nécessité de documenter davantage les réalités de terrain pour nourrir les actions juridiques et politiques.
Les échanges avec des experts régionaux et internationaux ont également permis à l’organisation de renforcer ses capacités techniques et stratégiques, d’enrichir son plaidoyer et d’élargir son réseau de partenaires pour de futures collaborations. En parallèle, JVS a marqué les esprits avec une exposition artistique originale de posters et d’outils tels que le théâtre-forum et l’arbre à palabre. Ces initiatives ont démontré la force de l’art comme levier de sensibilisation et de déstigmatisation autour de l’accès à l’avortement sécurisé.
Une reconnaissance régionale
La participation active de JVS à cette conférence positionne désormais l’organisation comme un acteur incontournable du mouvement pour la justice reproductive en Afrique francophone. Au-delà de la visibilité régionale, cette reconnaissance ouvre la voie à de nouvelles opportunités de financement et d’initiatives conjointes. Pour les représentants de JVS, cette expérience a été une source de fierté et de responsabilité. « À travers notre responsable programme, Marilyne SOUROU, nous sommes intervenus au panel inaugural de haut niveau aux côtés du SAAF, de l’UCPO, du MAMA Network, du Centre ODAS, de Population Council et de la Fondation Hewlett, pour porter la voix des mouvements de jeunesse et des mouvements féministes », a lancé l’un des membres de la délégation JVS. Dans son intervention, Marilyne Sourou a tenu à rappeler qu’« en tant que jeunes, il nous faut renforcer nos voix, connecter nos pratiques, et transformer l’élan régional en actions concrètes pour la justice reproductive des jeunes et des femmes. » À noter que ce grand rendez-vous, qui a réuni à Conakry plus de 400 participants venus de 22 pays, ambitionne de bâtir un mouvement africain uni, capable de garantir à chaque femme et chaque fille le droit de choisir librement, en toute sécurité et dignité.
Diane ATEKPO