Le ministère de la Santé du Bénin a reçu du Fonds des nations unies pour la population (Unfpa) le mardi 10 décembre 2024 un important lot de matériels médico-technique, de consommables médicaux, de produits contraceptifs et vitaux de santé maternelle, de matériels informatiques, roulant et de communication. Un don qui, pour Richmond Tiémoko, représentant résident de l’Unfpa est le signe de l’excellente coopération de l’institution qu’il dirige avec le ministère de la Santé et est très forte de sens, car il y va de la vie des femmes, des enfants et au-delà de toute la communauté. Plus de quatre mois après, ces matériaux et consommables reçus ont-ils vraiment impacté la vie des bénéficiaires ?
Nous nous sommes intéressés aux moto-ambulances qui faisaient aussi partie du don et distribués dans certains centres de santé du Littoral et de l’Atlantique. « …. ces équipements contribueront à combler des gaps que les directions techniques ont jugé indispensables pour renforcer la fonctionnalité du réseau national des services obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU) » déclarait Richmond Tiémoko a l’occasion de la remise.

Sur le terrain, les fruits semblent porter la promesse des fleurs. Au centre de santé de Hêvié, un arrondissement de la commune d’Abomey-Calavi dans le département de l’Atlantique, certains usagers ayant déjà bénéficié de la moto-ambulance ne cachent pas leur joie. « Par le biais des relais, on nous a informé de l’existence de ce genre d’ambulance dans notre localité. C’est ainsi que lorsque la femme de mon petit frère est arrivée à terme, le centre nous a envoyés la moto. Vu l’état de notre voie et la distance qui séparait Houimin-Daho, notre village du centre de santé, je ne croyais pas qu’une telle moto pouvait venir jusqu’à la maison. Mais grand fut mon étonnement quand quelques minutes après, j’entends les bruits du moteur au portail. Aussitôt venue, elle nous a embarqués pour l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi. Si cette moto ambulance n’était pas arrivée à temps, je ne sais pas si mon neveu et sa maman seront encore en vie à l’heure où nous parlons. C’est un moyen de secours très pratique, surtout pour nous qui sommes dans des coins reculés de la grande ville. » a déclaré Affonissèkpé Edouard, photographe à Hêvié Houinmin-Daho.
Comme lui, beaucoup d’autres usagers bénéficient des avantages de cet outil, comme l’explique Clovis Dossou agent de santé communautaire qualifié (ASCQ) en service dans l’arrondissement de Hêvié. « Par mois, la moto ambulance secourt au moins 6 à 8 personnes en moyenne » Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce service est jusqu’à présent gratuit pour les patients. « Nous n’avons rien payé à l’arrivée et c’est ça qui m’a le plus étonné. Pendant le trajet, moi, je pensais déjà à combien on pourrait payer une fois à destination, mais le conducteur nous a dit qu’on ne doit rien (sourire). » a déclaré Dame Léonie Hounguè une autre bénéficiaire habitant Hêvié Sogan. Une affirmation confirmée par l’Agent Clovis Dossou. « Pour le moment, le service est gratuit. Rien n’est exigé aux patients.»
Dans la réalisation de l’objectif d’amélioration de la qualité et de l’accessibilité des soins pour les mères et les nouveau-nés et de réduction significative des décès évitables liés à la grossesse et à l’accouchement en droite ligne avec les priorités nationales et les Objectifs de Développement Durable (ODD), l’on peut sans risque de se tromper, dire que ces motos ambulances apportent un plus. Mais à côté des avantages qu’elles procurent aux patients, des difficultés existent et peuvent à la longue si rien n’est fait porter un coup à cette belle initiative. Pour Edouard Affonissèkpé un des bénéficiaires, il y a le mauvais état de certaines voies qui, non seulement rend difficile la tâche au conducteur, mais diminue les chances de sauvetage du patient. De même, l’état dégradé des voies peut aussi accélérer l’amortissement de la moto. Comme difficultés, il y a aussi la motivation des conducteurs. « Au début du projet, il a été défini un montant de mille cinq cents (1500) francs par transfèrement, mais avec le manque de ressources du comité mis en place, ce montant n’est pas tout le temps respecté. » nous a confié Clovis Dossou qui n’a pas manqué de saluer le sens de sacrifice et l’engagement des conducteurs qui, ayant compris l’utilité des motos ambulances dans le quotidien de la communauté ne sont pas trop exigeants. Il profite tout comme dame Hounguê pour inviter les partenaires à multiplier le nombre de motos ambulances afin de pallier le problème d’indisponibilité qui se posent parfois.
Quant à l’utilisation correcte et une maintenance appropriée du matériel acquis à grand frais, Clovis Dossou lance un appel. « Ce matériel est un bijou dont l’entretien nécessite un peu de moyens, mais il arrive que parfois le comité de gestion n’arrive souvent pas à mobiliser les fonds nécessaires et se voit dans l’obligation de solliciter d’autres dons. C’est le moment de féliciter les donateurs qui, au début, nous ont soutenus avec un peu de moyens pour l’entretien. » Au regard des informations recueillies tant au niveau des bénéficiaires que des agents de santé, il apparaît clairement que les motos ambulances étaient venues à point nommé et qu’il faille rééditer l’expérience dans d’autres localités du pays car grâce à cet appui le taux de décès a connu une baisse remarquable.