Boni Yayi et Patrice Talon

Quelques jours après sa rencontre avec le chef de l’État, Patrice Talon, l’ancien président et leader du parti Les Démocrates, Boni Yayi, est sorti de son silence. Dans une déclaration rendue publique ce mercredi 29 octobre 2025, il dénonce ce qu’il qualifie de dérive démocratique au Bénin et appelle à un dialogue national inclusif. L’audience entre les deux hommes, tenue le vendredi 24 octobre, est intervenue après la décision de la Cour constitutionnelle de se déclarer incompétente dans le recours introduit par Les Démocrates concernant la restitution de la fiche de parrainage du député Michel Sodjinou.


Lisez plutôt l’intégralité de la déclaration de l’ancien président de la République.


Mes chers compatriotes,

Nous sommes à un tournant décisif de la vie politique de notre nation. Comme vous le savez, j’ai rencontré le vendredi 24 octobre 2025, le Président de la République, Monsieur Patrice Talon, en ma qualité d’ancien Chef de l’État. Au cours de cet entretien, je lui ai demandé de tout mettre en œuvre pour garantir la participation du parti Les Démocrates, principal parti d’opposition, aux élections générales de 2026 : les législatives et communales de janvier, ainsi que la présidentielle d’avril 2026.

Le parti Les Démocrates du Bénin, composante essentielle de l’opposition, anime la vie politique nationale dans le strict respect du cadre légal depuis l’obtention de son récépissé en décembre 2020. Ses activités s’inscrivent dans les dispositions de la loi n°2019-45 du 25 novembre 2019 portant statut de l’opposition, en lien avec la loi n°2018-23 du 17 septembre 2018 sur la charte des partis politiques. Depuis 2023, ce parti est représenté à l’Assemblée nationale.

Cependant, force est de constater qu’une politique d’exclusion systématique s’exerce depuis 2016 à l’encontre des forces de l’opposition, en contradiction flagrante avec les lois de la République. L’exclusion du parti Les Démocrates de la présidentielle de 2026 constitue une atteinte grave à notre édifice démocratique issu de la Conférence nationale des forces vives de février 1990. Elle viole les principes fondamentaux de la démocratie et des droits humains consacrés par la Charte des Nations Unies (1945), la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (1981).

De mes échanges avec le Président Talon, je retiens une dérive inquiétante : celle d’un renoncement progressif à l’État de droit et à la démocratie. La liberté publique, la dignité humaine et la justice, qui devraient être protégées et promues comme fondement du développement harmonieux de notre nation, se trouvent aujourd’hui menacées. Il s’agit là d’une violation manifeste de notre Constitution du 11 décembre 1990, même révisée en 2019.

Je lance donc un appel solennel à notre peuple, aux forces politiques, à la société civile et aux confessions religieuses : engageons un dialogue national sincère – sous la forme d’une conférence nationale ou d’un référendum – afin de restaurer les valeurs démocratiques qui fondent notre République.

Je déplore, par ailleurs, les manœuvres de déstabilisation et de débauchage actuellement dirigées contre les responsables du parti Les Démocrates, sous la menace, la pression et les promesses financières. Ce plan, visant à affaiblir et à faire disparaître l’opposition, met gravement en péril notre unité nationale et notre cohésion sociale.

En ma qualité d’ancien Président, je vous exhorte à privilégier le dialogue politique, la paix et la sauvegarde de la démocratie. Dans ma retraite sanitaire, je vous demande de m’accompagner de vos prières. Restons unis dans l’espérance et confiants en la volonté du Très-Haut, car Dieu seul peut tout et sa volonté s’accomplira dans notre patrie commune.

Dieu bénisse le Bénin.

Je vous remercie.

dbmedias
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