Alors que les écoliers reprenaient officiellement le chemin des classes ce lundi 15 septembre 2025, d’autres citoyens avaient une toute autre priorité, obtenir leurs premières pièces d’identité. Au Collège d’enseignement général (CEG) Le Nokoué, centre retenu pour le Littoral, l’équipe de DBMEDIAS a constaté une affluence record pour la campagne spéciale d’enregistrement du Certificat d’identification personnelle (CIP) et de l’acte de naissance sécurisé, lancée par le gouvernement.
Il était exactement 10h45 ce lundi quand l’équipe de l’Agence nationale d’identification des personnes (ANIP) a fait son apparition dans l’enceinte du CEG Le Nokoué. Dans la cour, une longue file serpentait déjà. Plus de 800 personnes patientaient, certaines depuis 4 heures du matin, dans l’espoir d’être prises en charge. Démarrée le 13 septembre et prévue pour s’achever ce mardi 16 septembre, cette opération spéciale concerne 24 centres répartis dans les 12 départements du pays.
Colère et frustrations dans les rangs
Au CEG Le Nokoué, la mauvaise organisation frustre plus d’un. Des listes improvisées ont été ouvertes pour gérer les arrivées, mais avec seulement deux agents de l’ANIP déployés, le processus s’enlise. « Le processus n’est pas du tout organisé. Quatre jours ne suffisent pas pour enregistrer tout le monde, car plusieurs enfants n’ont pas d’acte de naissance et beaucoup d’adultes n’avaient pas encore été enrôlés », déplore Karime, infirmière d’État, venue de Cadjèhoun pour enregistrer sa fille. Elle exhorte le gouvernement à revoir le délai. « Nous espérons que le gouvernement accordera plus de jours afin de permettre à chacun d’obtenir son CIP, son RAVIP et un acte de naissance sécurisé », a-t-elle ajouté. Même désillusion chez Joséphine Lalaye, une commerçante au PK18. « Ça fait la deuxième fois que je viens ici et on finit sans enregistrer mes enfants. Je dépense pour le transport, alors qu’avec ce même argent, mon mari aurait déjà pu le faire. En quoi alors est-ce gratuit ? », S’interroge-t-elle, visiblement frustrée. « Ce n’est pas bien ce qu’ils font. Ils ne nous respectent pas du tout. On nous fait souffrir seulement. On reste ici, si ce n’est pas l’appareil qui tombe en panne, c’est un autre problème qui survient. Et très vite, vers 15 heures ou 16 heures, tu ne les vois plus ici », a-t-elle déclaré.
Entre désarroi et soulagement
Pour d’autres, la patience a fini par payer. Anastasie Amoussou, une jeune femme d’une trentaine d’années résidant à Godomey Togoudo, a réussi à enregistrer ses deux enfants. « Je suis très contente de me faire enregistrer et d’enregistrer mes deux enfants », confie-t-elle avec un léger sourire. Un père de trois enfants, qui a requis l’anonymat, a également partagé sa joie malgré les difficultés rencontrées. « On a notre RAVIP et CIP maintenant, mais cela n’a pas été facile. On se lève très tôt et il faut être patient dans le rang. Je suis venu avec mon épouse et mes trois enfants. Malgré l’attente qui était longue, je suis content et je remercie le gouvernement pour cette initiative », a-t-il souligné en démarrant son véhicule.
Ce qu’il faut savoir sur l’opération spéciale
Organisée en collaboration avec le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance, la campagne spéciale se déroule du 13 au 16 septembre 2025 dans les Guichets uniques de Protection sociale (GUPS), ainsi que dans certaines écoles et collèges retenus. Selon l’ANIP, les usagers peuvent, durant cette période, effectuer gratuitement leur enrôlement au RAVIP, obtenir leur numéro personnel d’identification, retirer leur Certificat d’identification personnelle (CIP), recevoir un acte de naissance sécurisé et mettre à jour leurs informations personnelles (numéro de téléphone, photo et signature). Ces services sont également accessibles en ligne via le portail eservices.anip.bj ou l’application mobile ANIP BJ.
Les lieux retenus dans les 12 départements pour abriter les manifestations
Département | GUPS | Collège | Ecole |
Zou | Abomey | CEG 1 Bohicon | EPP Hountondji |
Atlantique | Allada | CEG 1 Allada | EPP Allada Centre |
Collines | Dassa-Zounmè | CEG1 Dassa-Zounmè | EPP Dassa Centre |
Borgou | Parakou | EFMS | EPP Albarika |
Mono | Lokossa | CEG 1 Lokossa | EPP Lokossa Centre |
Couffo | Aplahoué | CEG 2 Azovè | EPP Aplahoué Centre |
Alibori | Kandi | CEG 1 Kandi | EPP Saka |
Atacora | Natitingou | CEG 1 Natitingou | EPP Natitingou Centre |
Plateau | Pobè | CEG 2 Pobè | EPP Ossomou |
Littoral | Cotonou | CEG Le Nokoué | EPP Gbegbamey Sud |
Donga | Djougou | CEG 2 Djougou | EPP Baparapé |
Ouémé | Djegan-Kpèvi | Lycée Béhanzin | EPP Hounvie Adjarra |
Entre nécessité administrative, manque de moyens, forte demande des populations et capacité d’accueil réduite des centres, l’inquiétude demeure à la veille de la clôture. Tous les usagers encore dans les files auront-ils la chance d’être pris en compte ?
Patrice Sowanou (Stg)