À la veille de la célébration de la fête de Tabaski prévue pour ce vendredi 6 juin 2025, l’ambiance est morose à Parakou, au nord du Bénin. Ce moment de grande ferveur spirituelle pour les fidèles musulmans est cette année assombri par une crise sans précédent du marché du mouton. Entre flambée des prix des moutons, rareté du bétail et problèmes logistiques, la joie habituelle cède peu à peu la place à l’angoisse chez les fidèles musulmans.
Appelée également Aïd al-Adha, la Tabaski est une fête de partage et de sacrifice. Traditionnellement marquée par l’abattage rituel du mouton, elle se prépare avec enthousiasme dans les familles. Mais en 2025, la préparation vire au casse-tête pour de nombreux fidèles à Parakou, où le prix des moutons s’est envolé. Acheteurs comme des vendeurs, visiblement affectés, se confient à l’équipe de DB MEDIAS. « Le mouton que j’achetais à 50 000 FCFA, on me le propose aujourd’hui à 80 000 FCFA », déplore Mamadou Alidou, rencontré par notre reporter à l’auto-gare de Tchaourou. Une inflation que confirme Issifou Chérif, vendeur de bétail : « Un de mes clients habituels, qui prenait 10 moutons, n’en a acheté que 5 cette année. »
Le marché subit en effet les effets conjugués de la baisse des importations, de la cherté de la vie, et du manque d’espaces adaptés pour exposer les animaux. « Beaucoup d’importateurs ne viennent plus. On est obligés de faire le déplacement nous-mêmes, avec nos moyens. Résultat : peu de moutons disponibles, et à des prix très élevés », explique un autre vendeur, sous couvert d’anonymat. Certains animaux se vendent à des prix avoisinant les 300 000 FCFA, sans même offrir la robustesse ou la qualité des années précédentes. À cela s’ajoute un casse-tête logistique : l’étroitesse de l’auto-gare de Tchaourou limite l’accès des clients et complique les ventes.
Face à cette situation, vendeurs et acheteurs lancent un cri de détresse aux autorités communales et locales, réclamant urgemment le réaménagement du marché afin de soulager un secteur déjà fragilisé. En attendant des solutions concrètes, les fidèles musulmans s’en remettent à Allah pour traverser cette épreuve.
Christian NEKITOPA (Coll)