Boni Yayi, Houndete

À quelques mois des élections générales, le parti d’opposition Les Démocrates traverse une crise profonde. Après avoir désigné son duo candidat pour la présidentielle 2026, le parti a déposé son dossier de candidature à la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA), quelques heures avant la clôture. Mais un rebondissement majeur est survenu, le député Michel Sodjinou a demandé le retrait de sa fiche de parrainage, une pièce maîtresse pour valider la candidature du parti.


Quelques heures après une correspondance adressée par le premier vice-président du parti, Éric Houndété, à l’honorable Michel Sodjinou, ce dernier a réagi publiquement. Dans un message daté du jeudi 16 octobre 2025, Michel François Oloutoyé Sodjinou, coordonnateur de la 19ᵉ circonscription électorale du parti, a exprimé sa frustration face au choix du duo présidentiel. « Lorsque nous avons fondé Les Démocrates, c’était pour offrir au peuple béninois une véritable alternative : une force politique unie, libre, respectueuse des valeurs de justice et de démocratie », a lancé le député. Selon lui, le parti est plongé depuis plusieurs mois dans une crise de gouvernance, qu’il attribue à un manque de leadership. Il évoque une dérive amorcée depuis le congrès de 2023 à Parakou, marqué selon lui par des discours humiliants et teintés de régionalisme. Dans cette dynamique, les décisions prises par le parti ne sont plus unanimes. Le parlementaire estime que sa formation politique est « dominé par quelques-uns, où les décisions les plus importantes se prennent dans l’ombre, sans consultation, sans transparence, parfois même contre la volonté des militants ». Des propositions d’idées ou des corrections apportées seraient souvent qualifiées de « rébellion, de trahison ou d’ambition personnelle ».


Des frustrations accumulées

Le refus de Michel Sodjinou de parrainer le duo présidentiel repose sur plusieurs griefs. Il évoque des humiliations subies au sein du parti et des dérives internes. « Je vous épargne toutes les humiliations, les dérives et les approximations qui ont émaillé le fonctionnement interne du parti depuis lors », écrit-il. Il estime que les acquis obtenus sous la direction d’Éric Houndété sont aujourd’hui remis en cause. Tandis que certains membres choisissent le silence, Sodjinou affirme qu’il est temps de tout révéler. « Je me garde d’évoquer les atteintes, les provocations, les souillures et les calomnies dont ont été victimes d’autres camarades, députés et cadres non issus du bon cercle, voire de la bonne région », indique-t-il. À l’en croire, plusieurs coordonnateurs de zone ont été dépouillés de leurs prérogatives. Il affirme qu’il n’en reste que quelques actifs dans les départements, alors que sur le papier, ils seraient des dizaines.


Un choix contesté ?

L’honorable Michel Sodjinou parle d’un choix imposé et non consensuel. La désignation du duo candidat ne serait pas unanime. « Tous les Béninois ont suivi le débat malsain sur un soi-disant auto-parrainage qui constituait la ligne de défense du président Yayi, relayé par une garde rapprochée intellectuelle au sein du parti, qui n’a pas hésité à utiliser les provocations, les intimidations, les agressions verbales, voire physiques », peut-on lire dans sa lettre. Le député affirme que le choix de M. Renaud Agbodjo était déjà connu avant même que la commission mise en place ne puisse terminer son travail. Le parti était bien positionné lorsqu’il a obtenu 28 sièges après les législatives passées. Mais, depuis lors, Boni Yayi est devenu le seul à décider de tout. « Le respect que nous lui devons ne doit pas nous empêcher de dire la vérité », a ajouté Michel Sodjinou. Sur tous les plans, l’ancien président laisse sa marque dans les prises de décision au sein du parti. Le coordonnateur de la 19ᵉ circonscription électorale du parti Les Démocrates ne cherche pas à semer le trouble par son acte, mais plutôt à sauver les meubles.


Quid de la fiche de parrainage ?

Malgré les appels du premier vice-président Éric Houndété, Michel Sodjinou reste ferme. Il appelle les militants à se concentrer sur les prochaines législatives et communales, et rejette le processus ayant conduit à la désignation du duo présidentiel. « Je ne peux pas me rendre complice d’une mise en scène qui trahit nos principes fondateurs. Je réclame donc, en toute responsabilité », déclare-t-il. Tout en réaffirmant son attachement au parti, il refuse de cautionner ce qu’il considère comme des manipulations. « Je reste un militant de la démocratie, un défenseur du dialogue et un bâtisseur d’unité. Mais je ne serai jamais complice de décisions imposées, encore moins de manipulations qui déshonorent notre combat », conclut-il. Malgré cette crise, les militants et sympathisants du parti restent déterminés. Le duo Agbodjo-Lodjou a déjà déposé son dossier de candidature à la CENA, qui signale toutefois une pièce manquante. Le parti dispose de 72 heures pour régulariser sa situation.


Blevert AKAKPO

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